Sur le pas de la porte

portraits de voisins, d'amis, d'artistes sur leur pas de porte.

"Sur le pas de la porte" - 2020/2021

Le livre est en vente depuis le 20 octobre 2021

Quand nous avons toutes et tous été assignés à résidence, nous nous sommes dit que c’était une affaire de quelques semaines, tout au plus. Dans un premier temps, je m’étais réconcilié avec la ville qui avait enfin arrêté de hurler et dont les voitures avaient cessé de cracher leurs particules fines, cette ville dans laquelle on pouvait alors entendre le vent et les oiseaux. Très vite, mes fantasmes de citadin en manque de nature ont laissé place à l’angoisse. Plus de boulot et totale remise en question. Mais surtout, j’avais soif de paires d’yeux, de grains de peau, d’odeurs, de gueules : ce que je préfère dans mon travail de réalisateur, c’est regarder les comédiens exister à travers une caméra. Alors, comme un indécrottable privilégié, un misérable bobo, j’ai enfourché mon vélo avec mon appareil photo en bandoulière. Oui, ce fut d’abord un jeu, une sorte de course aux numéros de porte. Mais ça allait devenir beaucoup plus enrichissant que prévu : les rencontres ou les retrouvailles faites à l’occasion de mes escapades me nourrissaient, même si elles étaient brèves. Je pense même que ça fonctionnait parfois dans les deux sens. De retour chez moi, en triant et retouchant mes photos, j’étais bouleversé par ce que je découvrais : lentement, au fil de la série, se dégageait comme un portrait de groupe, portraits d'amis, portraits de quartier, portraits d’une toute petite partie de la communauté artistique et culturelle belge. Une communauté confinée, atomisée par le virus. Avec ses regards inquiets, qui interrogent le monde de demain et réfléchissent sur l'avenir de la création. Rien que ça. 
Carantec, la baie de Morlaix, Finistère.
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